Variant Name
Razzi, Seraphin
Ractius, Seraphinus
Date of birth
1531-12-16
Place of birth
Marradi
Date of death
1613
Place of death
Firenze
Role
Musicologist
Dominican
Hagiographer
Workplace
Dubrovnik
Biography
Serafino Razzi (Marradi 1531-Florence 1611), écrivain ecclésiastique fécond, historien et polygraphe, qui séjourna deux années à Dubrovnik. Il y exerça d’abord les fonctions de supérieur du couvent des dominicains (1587), puis fut nommé vicaire général de l’archidiocèse de Dubrovnik (1588). Cet épisode ragusain relativement bref, après lequel Razzi retourna en Italie, se révéla exceptionnellement fécond. Il publia la première histoire imprimée de Dubrovnik (Storia di Ragugia, Lucca 1595), fit paraître une vie de la bienheureuse Osanne de Kotor (Vita della beata Osanna de Cattaro, Florence 1592) et compila un précieux recueil de manuscrits relatifs à l’histoire de l’archidiocèse de Dubrovnik et de ses archevêques. La Storia de Razzi est riche en renseignements sur la vie quotidienne et les coutumes locales. Il est étonnant de voir à quel point ce dominicain florentin a réussi à pénétrer la mentalité ragusaine et à connaître non seulement les couches instruites dont il parle dans son ouvrage, mais aussi les milieux populaires : il nous laisse, entre autres, d’intéressantes observations sur la situation de la femme dans la société ragusaine. Il nous renseigne aussi sur la musique ragusaine, les orgues locales et différents musiciens, décrit en détail la fête patronale de Saint-Basile et rapporte les acclamations et laudes chantées en l’honneur des autorités ecclésiastiques et séculières. Razzi est par ailleurs connu comme collectionneur et éditeur de laudes italiennes. Son Libro primo delle laudi spirituali da diversi eccelenti e divoti autori, antichi e moderni composte… (Florence 1563) est le premier recueil imprimé de laudes polyphoniques après celui d’Innocent Dammonis, édité par Petrucci en 1508. Outre deux autres ouvrages imprimés – Hymnario domenicano in cui si comprendono tutti gli hinni, i quali adopera, e canta il sacro Ordine de frati predicatori… (Pérouse 1587) et Santuario di laudi o vero rime spirituali… (Florence 1609) – Razzi laissa derrière lui un ample recueil de laudes manuscrites en quatre volumes, conservé à la Bibliothèque Nationale de Florence (ms Palat. 173). Quand il affirme ne pas « s’y connaître particulièrement en musique », il ne s’agit là que d’une figure de rhétorique. Même si elle se développait en marge d’intenses activités littéraires, la musique était pour Razzi tout le contraire du passe-temps secondaire d’un amateur. Au contraire, ses productions musicales et poétiques révèlent le dominicain et le prédicateur. Dans ses poèmes souffle un zèle ecclésiastique pour les intérêts du petit peuple et pour ses modestes besoins matériels et intellectuels. Les frères prêcheurs auxquels il s’adresse ont dû reconnaître dans ses laudes une sublimation raffinée de leur message musical. Le premier recueil imprimé de Razzi, Libro primo delle laudi spirituali, est déjà tout sauf le fruit d’un travail accessoire. Réalisé et imprimé à Venise, il contient un large répertoire toscan qui remonte à plusieurs décennies. C’est une anthologie représentative de laudes, florentines et toscanes en général, de la première moitié du XVIe siècle, époque où ces chants religieux polyphoniques étaient très appréciés. Certes, l’origine des laudes italiennes remonte au haut Moyen Âge, mais le dominicain florentin Girolamo Savonarola donna au genre un élan vers de nouveaux contenus religieux. Sa promotion du chant simple homophonique, pour la plupart à trois ou à quatre voix, était basée sur le chant populaire à plusieurs voix de l’Italie centrale. Fidèle à son héritage spirituel, Razzi laissa une biographie manuscrite de Savonarola. Il inséra dans ses recueils de laudes imprimés ou manuscrits plusieurs textes de ce dernier et en mit quelques-uns en musique. Razzi se servait du procédé de contrafactum, qui consistait à remplacer le texte de chants spirituels ou profanes connus par d’autres paroles, porteuses d’un message neuf. Ultérieurement, ce procédé devait être souvent repris dans diverses situations de crise au sein de l’Église d’Occident, comme lors de la Réforme et de la Contre-Réforme jésuite, ou à l’époque de la réforme des ordres religieux entrepris par Joseph II.
Bibliography
Macey, Patrick, 'The Lauda and the Cult of Savonarola', Renaissance Quarterly, XLV, 1992, pp. 161-189.
Macey, Patrick, Bonfire Songs: Savonarola’s Musical Legacy, Oxford: Oxford University Press, 1998.